Il n’existe pas de définition à proprement parler.
Haut potentiel renvoie à la définition de surdoué qui renvoie elle-même à la définition d’intelligence, à noter que le concept est encore flou aujourd’hui.
Qu’entend-on par surdoué ?
A l’origine, « Doué » est le participe passé de douer, verbe d’action qui signifie : donner, accorder, pourvoir.
On lit couramment qu’il s’agit d’un néologisme employé pour la première fois en 1946 à Genève par le docteur Julian de Ajuriaguerra
En fait, le mot « surdoué » est apparu pour la première fois en 1932, dans « La recherche du beau » de Léon Daudet, crée pour le peintre Santiago Rusinol. Doué, étant utilisé au sens premier du terme : bien pourvu, bien doté :
« Il était de ces artistes surdoués et comblés, qui conçoivent comme ils respirent, tirant du spectacle de ce monde, de la lumière et des couleurs, une foule de constructions, de projets, de rêves, un peuple de réflexions et d’images. »
La définition du Larousse nous dit : « dont les capacités intellectuelles sont très supérieures à la moyenne. » Il est étonnant de trouver dans le « Larousse Médical », pour « surdoué », la définition suivante :
« Enfant possédant des capacités d’apprentissage supérieures à celles des enfants du même âge. […] Sur le plan psychologique, la notion d’enfant surdoué pose le problème de la définition de l’intelligence : son développement passe-t-il uniquement par l’acquisition de connaissances ou également par une prise en compte de tout le domaine de l’affectivité, avec le temps de maturation propre à chaque enfant ? Certains enfants surdoués souffrent de difficultés (désintérêt, isolement, conduite d’échec) dues surtout à ce décalage existant entre leur rapidité d’apprentissage et une maturation affective plus lente. »
On peut voir que cette définition évoque « souffrance », « troubles » et « problèmes », problème éducatif mais également problème de définition de l’intelligence qui se trouve être au cœur de nombreuses polémiques et enracine la notion de haut potentiel comme « problème » tant elle en appelle à plusieurs concepts encore mal définis. C’est regrettable.
Et qu’en est-il de l’approche universitaire ?
Encore une fois, les études universitaires sont principalement effectuées sur les enfants et adolescents même si de rares études ont eu pour objet d’étudier l’évolution de ces enfants jusqu’à l’âge adulte.
Un extrait de l’article de Joseph Renzulli [1], dans le Bulletin de psychologie 2006/5 (Numéro 485), pages 463 à 468 interroge :
« Qu’est-ce que le haut potentiel et comment peut-on le développer chez l’enfant et l’adolescent ? Les recherches, centrées sur le concept d’intelligence, ont occupé une place importante dans la définition du haut potentiel, mais nous insistons sur le fait que ce dernier ne peut être uniquement assimilé à l’intelligence. Les recherches sur l’intelligence permettent de déduire que celle-ci n’est pas un concept unitaire, mais qu’il existe plutôt plusieurs intelligences, dont les définitions simples ne peuvent rendre compte (par exemple Sternberg, 1984) et qu’il n’existe pas de technique idéale pour mesurer l’intelligence ; connaître le QI d’une personne ne suffit pas pour dire que nous connaissons l’intelligence de cette personne.»
En fait, les définitions du concept de surdoué ou haut potentiel ramènent toutes à la notion d’intelligence et semblent s’accorder sur des capacités « supérieures à la moyenne ».
Cependant, la définition et la mesure de l’intelligence étant encore problématiques et sans réel consensus scientifique, il apparait difficile de statuer sur une définition précise du haut potentiel.
Comment se positionner dans une démarche d’accompagnement ou d’aide aux personnes concernées, si même ces dernières, le système éducatif et potentiellement tout leur environnement, social, familial et professionnel ne l’appréhendent pas, peu, ou mal ?
Contexte et perception en France
En France, malgré une volonté de prendre en compte le sujet du haut potentiel et les ouvrages écrits depuis quelques années (qui ont eu le mérite de poser enfin le sujet, à défaut d’avoir trouvé un consensus), la culture judéo chrétienne et le rejet d’un certain « élitisme » ne semblent pas avoir encore réellement permis de sortir des idées reçues et des préjugés. Les mythes ont la vie dure mais les langues se délient.
De plus en plus de témoignages – effet Barnum (voir article à ce sujet) [1] inévitable mis à part – prouvent qu’il est encore mal perçu de se dire haut potentiel et tabou de donner son score de QI, mais le vécu de décalage est pourtant bien présent. Les débats sur la terminologie font rage. Certains refusent d’en parler et certains vont même jusqu’à fustiger ceux qui le souhaitent, pendant que d’autres l’érigent comme un bouclier ou un étendard. » Sur doué impliquerait une notion de sous doué, Haut potentiel appellerait à comparaison avec bas ». Ce débat existe même au sein des personnes haut potentiel entre deux écarts type au-dessus de 130.
Les compétences des personnes à haut potentiel sont pourtant revendiquées comme novatrices et plébiscitées par les entreprises. Les profils atypiques sont une richesse pour une entreprise lit-on. L’intelligence émotionnelle est recherchée.
Daniel Goleman, dans son livre L’intelligence émotionnelle [2], cite une étude consacrée aux désidératas des employeurs concernant leurs employés. Il privilégierait l’adaptabilité et les réponses créatives, une réelle aptitude aux rapports humains et l’empathie.
La rédaction d’un rapport ministériel sur la scolarisation des élèves « intellectuellement précoces » (Delaubier, 2002) montre cependant l’intérêt porté par les pouvoirs publics à ce dossier en France. Il a cependant fallu attendre 2018 pour que le ministère de l’éducation nationale édite un vade mecum[3] pour la réussite des élèves intellectuellement précoces.
Le sujet divise, mais le plus important n’est il pas de prendre en compte le vécu des personnes concernées ? Vécu, qui à défaut de « définition » ou de ne pouvoir passer dans un scan, n’en est pas moins le sujet principal et qui concerne plus des 2 ou 3% personnes
[2] Goleman, D., Piélat, T. et Roche, D. (1995) L’Intelligence émotionnelle intégrale. Paris : J’ai lu.
[3] Vade mecum : préconisations de pratiques file:///C:/Users/Utilisateur/Downloads/module-formation-eip-268994-pdf-1083.pdf
[1] Joseph Renzulli est psychopédagogue américain directeur du National Research Center on the Gifted and Talented (Centre national de recherche sur les surdoués et les talentueux). Il est membre de l’American Psychological Association et a été consultant auprès du groupe de travail de la Maison Blanche sur l’éducation des surdoués et des talentueux. https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2006-5-page-463.htm